Même si je parle couramment l’anglais (avec ma french touch), j’ai du mal à comprendre les paroles des chansons anglo-saxonnes. Et comme j’aime bien comprendre ce que les chansons racontent, la chanson française s’impose à moi.
Tous les avis ci-dessous n’engagent que moi et ne visent qu’à vous donner une idée de ce que j’apprécie.
Serge Gainsbourg
J’ai découvert en premier ses derniers albums où j’aimais son chanter-parler (« talk-over » en français dans le texte). Le travail de Gilles Verlant (DVD De Serge Gainsbourg à Gainsbarre, puis sa biographie) m’a permis d’appréhender son œuvre dans son intégralité. Pour faire court, j’aime tout avec une préférence pour l’album rock L’homme à tête de chou. Toutes ses périodes ont leurs pépites, des Goémons à Sorry Angel.
Hubert-Félix Thiéfaine (http://www.thiefaine.com/)
C’est la personne qui allie le mieux poésie et rock. Univers surréaliste rempli d’allusions culturelles qui souvent me dépassent mais que j’affronte mes dictionnaires à la main. Pas de choix à faire, je ne suis pas nostalgique de ses premiers albums, j’apprécie chaque nouvel opus comme il se doit. Écouter Les dingues et les paumés ou Annihilation en concert est quelque chose à vivre au moins une fois.
Anaïs (https://www.anaisinyourface.com/)
Je l’ai vue deux fois en concert, un moment du cheap show tour et un autre lors de la tournée de l’album Divergente. Il y a un mélange de délire, de parodies (voir ses clips) avec un soupçon subtil de mélancolie qui apparaît. C’est cela qui me fait sourire et me touche.
Tout est résumé dans le clip de son dernier single Moi tout ce que je veux pour Noël (https://youtu.be/pTgVNv5JNCI?)
Christophe Miossec (http://www.christophemiossec.com/)
A mon avis, ce qui différencie la bonne et la mauvaise chanson française, c’est que la bonne chanson part de la vie quotidienne et la transcende (souvent dans le tragique ou l’émotion pure). Le quotidien peut susciter une réaction de violence ou de désespoir, mais aussi beaucoup d’apaisement après avoir survécu aux tempêtes. Dans le genre, je vous conseille d’écouter La grande marée, chanson très représentative de cet artiste. L’album Chansons ordinaires (2011), sans renier les thèmes des albums précédents, est plus lumineux. A suivre… J’ai boycotté ses concerts pendant six ans mais depuis 2011, je les recommande à tous.
Benjamin Biolay (http://www.benjaminbiolay.com/)
Outre l’influence de l’homme à tête de chou, Benjamin Biolay apporte une sonorité pop et des paroles personnelles qui lui donnent un style bien à lui. J’ai accroché sur le single Même si tu pars, une chanson qui m’a rappelée Serge Gainsbourg. C’est comme cela que j’ai appris à le connaître. J’ai pris sa discographie à rebours. Sa chanson Aime mon amour est une merveille de classe envers celui qui a conquis l’ex-compagne du narrateur ; comme il le dit lui-même, ce n’est pas la réaction immédiate (c’est plutôt le bourbon en premier) ! Pour ceux qui le trouvent trop sur la réserve, je vous conseille de regarder sa prestation en concert de sa chanson A l’origine ! Quels sont mes albums préférés ? A l’origine (le premier que j’ai connu), Trash yéyé, La superbe, Grand Prix sachant que j’aime aussi beaucoup l’album Négatif, qui m’a accompagné dans des moments délicats. Dans le même style apaisant, son album Home avec Chiara Mastroianni sent bon l’été.
Zazie (http://www.zazieonline.com/)
Je l’ai vue une fois en concert, j’avais été bien impressionné. Ses textes riches en jeu de mots et double-sens du début ont fait place à des textes plus profonds et des musiques qui portent plus. Les albums complets qui m’ont vraiment marqué sont Totem et Cyclo. Rodéo est un titre dur mais très bien écrit et interprété.
Alain Souchon (http://www.alainsouchon.net/)
Poète du monde d’aujourd’hui, navigant entre nostalgie et surréalisme léger, il oscille entre onirisme et critique de la société actuelle. Je connais (un peu) moins ses premiers albums mais j’adore les albums La vie Théodore et Au ras des pâquerettes. Deux chansons en particulier me touchent : Le bagad de Lann Bihoué et Et si en plus, il n’y a personne. Ayant eu la chance de le voir plusieurs fois en concert (la dernière fois avec son complice Laurent Voulzy), j’apprécie la finesse de ces textes mélancoliques sur de belles orchestrations ainsi que sa présence sur scène.
Alain Bashung
Je n’ai pas pu le voir en concert, c’est un grand regret… Mon frère m’a initié à Fantaisie militaire, que j’avais eu du mal à appréhender : je n’arrivais pas à discerner les mélodies. Depuis, c’est devenu un de mes albums préférés. J’apprécie moins celui qu’il a fait avec Gainsbourg, Play blessures, ce qui est un paradoxe vu mon affection pour ces deux artistes ! Certains albums passent moins bien que d’autres, j’ai une préférence pour les textes avec Jean Fauque plutôt que pour ceux écrits avec Bergman, qui pour moi relèvent plus de la juxtaposition de jeux de mots (il me manque peut-être une clef pour bien comprendre). J’ai découvert Chatterton il y a peu de temps et j’ai adoré A perte de vue ainsi que J’ai longtemps contemplé.
Daniel Darc
La première fois que fois que j’ai vu le DVD qui racontait l’enregistrement de l’album Crève-cœur de Daniel Darc, je me suis demandé qui était ce faux Gainsbourg… Mais en écoutant cet album, je me suis pris une vraie claque. Certes, il semblait être revenu (en partie) de sa toxicomanie et de son alcoolisme, ce qui lui donnait une voix (très) particulière et un physique usé avant l’heure, mais surtout ses textes étaient de véritables poèmes… La chanson Je me souviens, je me rappelle est une merveille : elle raconte l’histoire d’un amour fort mais dur en même temps et qui a été perdu lorsqu’il a été formulé… Enfin, c’est ce que j’imagine en écoutant les vers « Dissimule dans le silence / Tes sentiments, tes espérances / Qu’ils montent et plongent sans bruit / Etoiles brillant dans la nuit ». Voilà quelqu’un qui savait écrire des textes ! Quasiment aucun titre n’est à exclure de cet album teinté d’amour, de mélancolie, d’humour aussi et de références religieuses (il s’était converti au protestantisme, comme quoi…).
Les albums La Taille de mon âme et Amours suprêmes sont également de bonnes factures mais avec plus d’improvisation dans les textes, ce qui fait, qu’à mon goût, il y a quelques chansons en deçà… mais peu… On dit souvent qu’en France, on aime les artistes déglingués qui sont une sorte de catharsis pour chasser nos démons mais il y avait une véritable profondeur chez lui, à côté de son image « destroy »… Un joyau musical avait éclos dans les années 2000, loin de Taxi Girl et des brochettes de faux mauvais garçons lancés comme des produits de lessive tous les quinze jours. Je regrette de l’avoir découvert seulement en 2014, après sa disparition inattendue (quoique…).
Zaza Fournier (https://www.facebook.com/zazafournier)
Le charme de la chanson française, oserais-je même dire parisienne ? Un peu mutin, un peu coquin, et en même temps, on sent le vide derrière tout cela, un vide qui fait peur car il révèle notre solitude dans ce monde de faux-semblant… Le clip, particulièrement réussi, réalisé pour le titre Vodka à la fraise illustre bien cet univers.
Renaud
Que dire de nouveau sur Renaud, un chanteur majeur de la chanson française qui est adulé depuis des années ? J’ai découvert son œuvre via son Absolutely meilleur of Renaud et par un concert intimiste en 2000… Depuis je garde un œil sur lui avec affection.
Ce qui est frappant pour moi, c’est sa sincérité et sa transparence totale. Avant d‘écrire mes propres chansons, je pensais que cela frôlait l’impudeur et je ne souhaitais pas me livrer à ce point. Avec cette précaution, cette carapace, on peut obtenir des résultats intéressants mais un peu froids. Au fur et à mesure de mes compositions, je me suis rendu compte que je devais me livrer plus : que ce soit par des morceaux de vies ou des sensations éprouvées ou en évoquant des choses qui me touchent. Au final, pas de doute, le résultat est beaucoup plus probant…
Renaud lui ne s’est jamais posé la question, du titi parisien révolutionnaire en passant par la bande de jeunes (à lui tout seul) puis en vieux briscard cabossé, on a l’impression de connaître l’essentiel de sa vie, de sa pensée, de ses combats, de ses amours, de ses relations fusionnelles avec sa fille et son fils, de ses dépendances. Pour lui, c’est une évidence, son travail artistique passe par une mise à nu totale. Et c’est ce qui explique l’amour que lui voue son public même pendant ses années de silence. Il ne triche pas et cela le rend beau.
Pour parler de son œuvre plus précisément, j’aime l’humour et la virulence des débuts (Où c’est que j’ai mis mon flingue, L’hexagone), les titres incontournables (Laisse béton, Dès que le vent soufflera, Mistral gagnant) et puis, comme vous le savez en parcourant mes influences, j’adore les gueules cassées de la vie qui se relèvent pour faire ce qu’ils font le mieux : vivre, ressentir, écrire et chanter. Voilà pourquoi l’album Boucan d’enfer me touche beaucoup. Le slam Ta batterie sur l’album de Grand corps malade est bouleversant par son interprétation toute en fragilité. Maintenant qu’on sait qu’il embrasse les flics, cette chanson est moins surprenante mais j’adore sa Ballade de Willie Brouillard qui raconte la ronde nocturne d’un flic avec une empathie certaine.
Renaud chante moins bien maintenant et certaines de ses chansons récentes sont moins percutantes que ses succès passés. Ce n’est pas le magicien du buzz et du clash via 140 signes que notre société médiatique adore, il est moins révolutionnaire car il a vécu… C’est comme un vieil oncle rocker affectueux, revenu de tout et qu’on regarde avec tendresse, l’essentiel pour moi étant qu’il s’exprime car je sais qu’il va plutôt bien…
Le message de Renaud après l’écoute de mon CD : la bonne surprise !
L’univers mystique et sensuel de Mylène Farmer (https://www.youtube.com/user/MyleneFarmerVEVO/videos) me plaît. J’ai beaucoup aimé la chanson Je te rends ton amour et son clip : à la base j’imagine que la chanson évoque une rupture mais le clip ouvre la chanson sur un thème plus large. Mylène y incarne une jeune aveugle lisant un texte en braille sur lequel est posée une alliance. L’atmosphère devient menaçante, une étreinte a lieu (avec la statue du Christ qui a pris vie ou avec un moine ?), du sang coule de stigmates (mais de quelles mains ?). Ce mélange d’ésotérisme avec plusieurs clés de compréhension, de sensualité et de provocation me plaît énormément.
Et sinon, j’apprécie Alister, Eiffel, Noir désir, Luke un peu, l’album Chansons de l’innocence retrouvée d’Etienne Daho, les albums J’accuse et Miami de Saez (un petit concentré de colère qui fait du bien à écouter), Fauve et Stromae, les Dutronc, La Blanche, Delgrès, Jane Birkin…
J’en oublie certainement énormément.
En sortant du cadre francophone, j’aime bien quelques chansons de Lana Del Rey. Le clip Video Games a été fait par ses soins (j’apprécie le geste, on ne se demandera pas pourquoi). Ses paroles semblent intéressantes. Mais je n’ai pas adoré l’album suivant. Et les Stones, AC/DC (qui se répètent avec le temps mais qu’est-ce que c’est bon !), Leonard Cohen.